En agriculture, les années passent mais ne se ressemblent pas. En Bourgogne, les vendanges de 2020 furent toutes aussi particulières que le reste de l’année.
Ces vendanges seront marquées par leur précocité, encore plus que celles de 2003, 2020 est la troisième année la plus précoce de l’Histoire. Les températures se sont envolées à partir de la mi-mai pour se stabiliser tout au long du printemps, ce qui a permit la floraison rapide de certains cépages.
Combiné à un été mitigé mais chaud et plutôt sec dans l’ensemble, Les raisins sont dotés d’une maturité permettant d’exprimer toute la mosaïque des terroirs bourguignons.
Les créments ouvrent le bal des vendanges dès le 13 août, ce qui est exceptionnel en bourgogne, avec une production de 129 000 hectolitres. Puis les « vins tranquilles » avec une production totale d’environ 45 millions d’hectolitres, soit une hausse de 7% par rapport à l’année 2019, mais dans la moyenne quinquennale.
Ces vendanges précoces sont-elles si spéciales que cela ?
Pas tellement, si on se réfère à l’étude des vendanges sur plusieurs siècles, une tendance semble se dégager. "Ce qui a constitué des vendanges extrêmes pendant 600 ans est devenu la norme une année sur deux. L'extrême est devenu normal" selon Thomas Labbé, historien à la maison des sciences de l’Homme.
Ces propos s’appuient sur l’analyse des vendanges bourguignonnes sur plusieurs siècles, précisément depuis 1393. En effet, entre 1393 et 2002, on compte 26 récoltes dites précoces, soit 5% du total sur près de 6 siècles d’observation. Entre 2008 et 2018, on en compte 8, en seulement 10 ans.
Le réchauffement climatique bouscule donc les pratiques de l’agriculture viticole. Ce qui n’est pas pour défavoriser les vins de bourgogne, bien au contraire !